L'essor des "faux médias" (texte, son, image, vidéo), amplifié par l'IA générative, rappelle en de nombreux points les dérives de la "fausse monnaie" que représente le système de monnaie fiat actuel. De la même manière que la monnaie fiat s'éloigne de la valeur intrinsèque en étant constamment diluée par l'émission sans contrainte, les contenus générés par l'IA se multiplient à une vitesse vertigineuse, rendant plus difficile la distinction entre le vrai et le faux. À l'ère de la surcharge informationnelle, les individus sont confrontés à un paysage où les images, les textes, et même les vidéos peuvent être manipulés ou fabriqués de toutes pièces, posant un problème croissant de confiance.
Le numérique (puis Internet) : déluge de "fausses monnaies" (1970-...)
La monnaie fiat, détachée de tout étalon physique comme l'or et numérisée, a ouvert la porte à une inflation galopante et à une perte de confiance dans les devises traditionnelles. Son émission incontrôlée (volontairement) par les banques centrales illustre les dangers d'un système où la création monétaire est déconnectée d'une marchandise réelle. De même, l'abondance des "faux médias" engendrés par les outils d'IA générative rappelle les effets de l'inflation monétaire : une dilution de la valeur des informations et une difficulté accrue à discerner ce qui est authentique.
L'IA générative : prolifération de "faux médias" (2020-...)
Avec la montée en puissance de l'IA générative, il devient de plus en plus facile de créer du contenu indiscernable des productions humaines. Images de visages qui n'ont jamais existé, vidéos de personnalités qui semblent parler mais ne l'ont jamais fait, ou encore articles générés automatiquement sans source fiable, tout cela menace la crédibilité des médias. Ce phénomène présente des risques évidents pour la société : manipulations politiques, fraudes, ou encore érosion de la confiance publique dans les informations. Il devient alors crucial de développer des moyens technologiques pour authentifier l'origine et l'intégrité des informations diffusées.
Une solution : la cryptographie
La cryptographie, par le biais des signatures numériques et peut-être des technologies de registre distribué comme la blockchain, offre une réponse potentielle à cette crise de confiance. Tout comme le Bitcoin a introduit une forme de monnaie "saine" en créant un système où chaque unité est vérifiable et protégée contre l'inflation, la cryptographie pourrait permettre d'établir une chaîne de confiance pour les médias numériques. En signant cryptographiquement les contenus à la source, on pourrait garantir leur provenance et leur intégrité, rendant les manipulations plus faciles à détecter.
Le rôle potentiel de l'assemblage technologique promu par Bitcoin
La "blockchain" (mot galvaudé pour parler de l'assemblage technologique fonctionnel popularisé avec l'émergence de Bitcoin), en tant que registre immuable (en considérant que la gouvernance soit suffisamment décentralisée), pourrait jouer un rôle central dans cette infrastructure. En enregistrant les informations sur l'origine et la vérification des médias dans un réseau décentralisé, il devient possible de créer un système transparent où les utilisateurs peuvent facilement tracer l'historique d'un contenu. Cette approche serait comparable à la manière dont Bitcoin fonctionne pour la monnaie : chaque transaction est enregistrée et vérifiée par un réseau décentralisé, ce qui assure son authenticité (à ne pas confondre avec la "vérité") et empêche les manipulations.
Vers une démocratisation de l'authenticité numérique
La demande croissante pour des solutions permettant de distinguer le vrai du faux va probablement entraîner une vague d'innovations centrées sur l'authenticité numérique. Les individus et les entreprises chercheront à se protéger contre les "faux médias" de la même manière que certains se tournent vers bitcoin (flight to quality) pour se prémunir contre la "fausse monnaie". À long terme, la cryptographie et les technologies décentralisées pourraient redéfinir la manière dont l'information est produite, vérifiée et consommée, instaurant un nouvel âge de la confiance numérique.