top of page

Critique du livre "Une monnaie écologique"​ de Nicolas Dufrêne

Lors d'un nouvel échange sur Linkedin avec Nicolas Dufrêne (haut fonctionnaire, directeur du Think Tank Institut Rousseau, et spécialiste des questions institutionnelles, monétaires et des outils de financement publics) au sujet de bitcoin, dont il est un fervent opposant, et de la monnaie volontaire, dont il est un fervent supporter, il m'avait invité à lire son livre "Une monnaie écologique", co-écrit avec Alain Grandjean.


Je connaissais déjà globalement les idées du livre via le site de l'Institut Rousseau, et jusqu'ici acheter son livre me paraissait incongru, car j'avais le sentiment que ses interventions médiatiques sur bitcoin, n'avaient que pour objectif de faire valoir sa proposition alternative de monnaie illimitée. S'attaquer publiquement à bitcoin via quelques sophismes c'est un excellent moyen de se faire un peu de publicité gratuite. Je trouvais la méthode gênante, mais il faut admettre qu'elle a fonctionnée, puisqu'il a réussi à se mettre à dos la majorité de la communauté crypto française, et à se construire une petite renommée médiatique dans ce milieu.


D'habitude dans mes articles, j'essaye de ne pas prendre position trop frontalement. Observer, analyser (depuis une dizaine d'années), commenter (depuis environ un an), me convenait très bien, mais avec l'ascension fulgurante des crypto, puis des réactions médiatiques, ainsi que des mauvaises intentions affichées des politiques, c'est de plus en plus difficile de ne pas prendre position.


La crypto est devenue hautement politique. Cela devait arriver un jour. Si nous ne faisons rien, il n'y aura plus d'écosystème crypto "Made in UE".


Au même titre que la monnaie n'est jamais neutre, je me suis finalement forgé la conviction que mon blog www.blockchainsandbitcoin.com ne pouvait pas l'être davantage.


En outre, il y a un an, j'avais encore des doutes sur certains paramètres structurels de bitcoin. Notamment, le paramètre du nombre d'unités maximum (21 millions). Sans rentrer dans de longues explications ici (disponibles sur mon blog), cette limite absolue des encaisses nominales, était pour moi synonyme d'impossibilité pour bitcoin d'être consacrée monnaie courante un jour. Cette limite absolue du stock était pour moi synonyme d'instabilité de la valeur de la masse monétaire (encaisses réelles), et potentiellement de dynamique déflationniste des prix. Le futur de bitcoin dans les pays développés était donc pour moi exclusivement possible comme monnaie d'épargne. Il s'agissait déjà d'une belle (r)évolution en théorie.


Mais, j'ai concentré depuis quelques mois mes lectures économiques sur ces sujets spécifiques d'encaisses nominales fixes et de déflation, et j'arrive à la conclusion que j'avais tord.


Un système monétaire avec une monnaie unique mondiale dont le stock est fini pourrait fonctionner en théorie.


C'est difficile à concevoir aujourd'hui car notre système a une conception complètement opposée, avec un stock de monnaie en fonction de la demande.


La déflation des prix, est essentiellement un phénomène psychologique (contrairement à une récession, à une dépression ou à une décroissance), si elle est lente, naturelle, linéaire et anticipée par tous les agents économiques.


La sécabilité de bitcoin en huit sous-unités est donc une fonction cruciale, qui a été nécessairement introduite à cause du caractère fini des encaisses nominales. Ce point n'était pas évoqué dans le White Paper, tout comme le nom de la plus petite unité, le "Sat". Peut-être qu'il s'agit d'un clin d'œil de Nakamoto (intégrateur-développeur-testeur-amorceur) à Satoshi (chercheur-rédacteur du White Paper). En effet, j'ai toujours imaginé que derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto il y avait au moins deux personnes.


En théorie, bitcoin pourrait donc bien devenir une monnaie complémentaire d'épargne, ou une monnaie complète courante.


Cette consécration en tant que monnaie courante ne sera possible que si la valeur de la masse monétaire bitcoin franchie un certain niveau, difficile à estimer aujourd'hui. Ce seuil de plusieurs dizaines de milliers ou centaines de milliers de milliards de dollars n'est pas encore pour demain. Ce niveau permettrait de stabiliser la volatilité de bitcoin autour d'un pourcentage acceptable pour être compatible avec une utilisation quotidienne par des échangistes.


Comme je le disais dans mon dernier article, l'avenir de bitcoin dépendra beaucoup du dollar et des Etats-Unis, car ce pays a les moyens de phagocyter l'ascension de bitcoin, notamment avec le "papier-bitcoin".


C'est comme mettre un lion en cage, pour qu'il ne devienne pas le roi de la jungle.


C'est ce sort qu'a subit l'Or depuis le XX ième siècle.


Dompter bitcoin, c'est ce qu'ils ont commencé à faire aux US en autorisant un ETF Futures à Chicago, au moment où bitcoin commençait à intéresser de trop près les institutionnels. En l'occurrence, pendant la pandémie et l'hyper expansion du dollar, en 2020-2021.


Masse monétaire M3 dollar US



La mise en cage de bitcoin n'est tenable que si le dollar ne s'affaiblit pas trop.


Il y a quelques années, le dollar me paraissait encore jouir d'une confiance sans limite via le vecteur de la puissance américaine dans le monde, en l'occurrence son armée.


Mais certains évènements récents doivent résonner comme des avertissements dans les chancelleries et les banques centrales du monde entier.


L'extraterritorialité du droit américain était déjà une alerte sérieuse.


Mais la saisie récente des réserves de change en dollars de la banque centrale russe, est un tournant dans l'histoire du système monétaire international contemporain.


A ma connaissance, c'est une première, et cela va irrémédiablement avoir des conséquences importantes dans la gestion des réserves de changes de certains pays. La Chine a dû observer cela avec circonspection, et je ne doute pas qu'elle prendra des mesures dans les prochaines années pour continuer à réduire ses réserves en dollars, même si économiquement, commercialement et politiquement c'est quelque chose de très compliquée car si la Chine achète de la dette US c'est surtout pour déprécier le Yuan, et financer les américains qui achètent ses produits. Mais la Chine n'a pas vocation a vendre des produits d'entrée de gamme encore longtemps, surtout que les salaires sur place augmentent.


L'atelier du monde pourrait devenir l'Inde.


La reterritorialisation de la fabrication des produits à fortes valeurs ajoutés est aussi en marche forcée dans le monde Occidental.


La pandémie et l'instabilité géopolitique seront des accélérateurs de ce changement.


Quand j'ai informé notre petit groupe privé crypto sur Linkedin que j'avais acheté le livre de M. Dufrêne, on m'a chaleureusement remercié de m'être "sacrifié" ! C'était évidemment sur le ton de l'humour, mais ça en dit long sur la renommé des idées du livre dans la sphère crypto. Je dis sur le ton de l'humour, car à mes yeux, acheter un livre, même si je le sais très éloigné des mes idées, n'est jamais un sacrifice. Certes, c'est plus difficile d'aller au bout, mais cela permet de sortir de sa bulle de connaissances, et qui sait peut-être qu'un jour je tomberai sur un livre coup de cœur qui instillera chez moi une autre vision de la monnaie.


Je doute vraiment qu'à moyen terme ça soit possible de faire plus simple que bitcoin, mais qui l'eut cru que c'était possible de faire mieux que l'Or.


Pour comprendre bitcoin, il faut prendre du recul, beaucoup de recul !


La technologie a toujours transformé l'humanité depuis la préhistoire.


L'espèce humaine existe depuis environ 2,5 millions d'années. L'Or a commencé à être utilisé autour de 5000 ans avant JC. Le numérique existe depuis environ 70 ans. Internet existe depuis environ 30 ans. Et, la possibilité de se mettre d'accord sur un ordre chronologique sans tiers de confiance sur un réseau asynchrone n'est possible que depuis les années 2003-2005 environ.


Le concept bitcoin est couché sur le papier en 2008 puis lancé publiquement début 2009. Si la crise financière de 2008 avait eu lieu en 2005 ou 2006, c'est possible que bitcoin eût vu le jour avant. Il n'y avait plus de freins techniques depuis quelques années déjà, il manquait juste la motivation d'une personne ou d'un tout petit groupe en cryptographie qui avait de solides appétences pour les questions monétaires, et une idéologie libertarienne.


Quand on regarde cette chronologie, et les prérequis à bitcoin (monnaie > numérique > internet > cryptographie à seuils), on saisit que bitcoin ouvre une nouvelle page de l'histoire monétaire.


Il ne pouvait pas apparaître avant 2003-2005.


Et, il ne pouvait pas se passer très longtemps après 2003-2005 avant qu'il apparaisse non plus, car la monnaie est la base de nos sociétés, et cet outil a constamment muté avec l'apparition des différentes technologies.


Est-ce que bitcoin va tout bouleverser ? Je ne sais pas.


C'est très compliqué de se prononcer là-dessus, car dans le monde, la monnaie est aujourd'hui aux mains de cartels privés-publics, qui ne lâcheront pas leurs privilèges sans tout tenter pour bloquer les nouveaux entrants.


bitcoin est extrêmement robuste. En définitive, ce choix dépendra surtout de nous tous. S'il y a l'envie ou non de refonder le modèle existant.


C'est une élection monétaire à laquelle nous assistons.


Par contre, bitcoin ou non, je sais que cette technologie monétaire va changer irrémédiablement notre monnaie.


Pour bitcoin, son éventuelle ascension peut encore prendre plusieurs décennies. Le bitcoin ne force personne à le désirer. Ce sont les échangistes qui décident de leur propre chef de l'utiliser.


Plus la déception montera vis à vis du système actuel, plus bitcoin gagnera de la valeur. Ce sont les administrateurs des monnaies comme l'euro et le dollar qui maintiennent indirectement en vie bitcoin. Tant que ces monnaies perdront doucement de leur valeur, c'est légitime et démocratique que des citoyens achètent des bitcoins.


Pour arrêter bitcoin sans législation liberticide, il faudrait que les monnaies étatiques deviennent stables en terme de pouvoir d'achats.


Plus tôt, j'expliquais que la lecture de ce livre était vue comme un sacrifice par certains "crypto enthusiast". Je ne crois pas que ça soit dû uniquement à l'opposition publique et récurrente de M. Dufrêne vis à vis de bitcoin, car il y'en a beaucoup d'autres qui apportent la contradiction dans le débat public, cependant ils ne jouissent pas d'une telle unanimité contre eux de la part des bitcoiners. Il y a le fond où on peut ne pas être d'accord avec les bitcoiners, mais c'est surtout l'art et la manière de critiquer qui est importante lorsqu'on débat. L'engagement sans doute sincère de M. Dufrêne gagnerait en légitimité, s'il faisait davantage la démonstration de l'efficacité de sa proposition de monnaie écologique, au lieu de pérorer sur bitcoin.


Et, que la meilleure proposition gagne ! C'est une élection après tout.


Cette idée de monnaie écologique n'a pas trouvé l'écho espéré dans le paysage médiatique, pourtant il me semble important d'en débattre un petit peu, car derrière ce bel emballage écologique, je perçois des dangers majeurs pour notre démocratie et donc pour nous tous.


Depuis une dizaine d'années (2010 ou 2011 je ne sais plus exactement), je m'attarde à titre personnel - par période et par hobby - sur l'analyse de bitcoin, dans le but de comprendre ce qu'il va devenir, et ce qu'il va transformer.


Cette fois, j'ai décidé de m'attarder sur un autre concept de monnaie pour vous expliquer ce qu'il se cache derrière la façade marketing.


Tout d'abord, il faut le dire, j'ai été plutôt agréablement surpris tout au long de ce livre sur l'analyse du système monétaire actuel, même si les arguments sont souvent confus. Cela donne l'impression que les défauts du système actuel deviennent des qualités dans le système proposé.


Globalement, je fais le même constat, que notre système monétaire a dérivé via de multiples décisions dans le monde occidental depuis un siècle environ.


Le résultat c'est que la monnaie d'aujourd'hui, qui était un bien commun à l'origine, est devenue l'instrument des marchés financiers, au détriment des agents économiques dans l'économie réelle.


Je ne vais pas décrire une nouvelle fois les problèmes du système monétaire actuel, car je les ai évoqués maintes fois dans mes articles sur mon blog.


L'idée directrice ici, est de proposer une critique partisane de la proposition de monnaie écologique. Une critique objective n'existe pas vraiment, mis à part peut-être dans les sciences dures (mathématiques, physique, astrophysique,...). Les théories économiques ou monétaires sont davantage une science sociale ou morale.


Bitcoin est un projet hautement politique bien que ça soit une monnaie acéphale. Si vous êtes un marxiste ou un social-libéral, il est peu probable que vous trouviez bitcoin compatible avec votre vision de la monnaie et du monde. A contrario, si vous êtes libéral, ou libertarien, bitcoin c'est le graal monétaire que vous attendiez depuis le siècle dernier.


Toutefois, tout n'est pas aussi manichéen, il peut y avoir des aspects du concept bitcoin qui plaisent au camp opposé. La preuve, certains anarchistes apprécient bitcoin. C'est ce que j'évoquais en introduction de ma publication "blockchains and bitcoin", au final la politique c'est de savoir où positionner le curseur entre intérêt général et intérêt individuel.


Les libéraux qui positionnent le curseur très près de l'intérêt individuel, sont vus généralement comme égoïstes. Les marxistes qui positionnent le curseur très près de l'intérêt général, sont vus comme des éventuels dangereux communistes. Personnellement, je pense qu'il y a des dangers dans ces deux camps, cependant dans l'Histoire, sous couvert d'intérêt général, il y a eu beaucoup plus de tragédies humaines. Finalement, c'est assez difficile pour un seul individu même très égoïste, de gâcher la vie de toute une collectivité, sauf si c'est un autocrate d'un régime communiste ! Un affreux milliardaire capitaliste n'a jamais déclaré une guerre à ma connaissance. C'est pourquoi, l'intérêt individuel ne devrait jamais être dissous totalement dans l'intérêt collectif. Au final, ces deux camps désirent presque la même chose, la prospérité et le bonheur, c'est seulement le chemin pour atteindre cet objectif et les risques qui ne sont pas les mêmes.


Avant de crier "haro sur le baudet", du style bitcoin est "ultralibéral !", il serait donc de bon ton, de revenir à la définition du véritable libéralisme.


En France, on a une très mauvaise image du libéralisme car on le confond souvent avec le capitalisme. Et j'ajouterais, que dans la branche du capitalisme, on le confond surtout avec le capitalisme financier. C'est une erreur.


Dans l'échiquier politique en France, nous n'avons pas vraiment de véritable libéraux au sens du XIX ième siècle. Le libéralisme est une philosophie. Le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre échange des idées. Le libéralisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu'aucun pouvoir n'a le droit de violer. Je reviendrai bientôt sur la différence entre capitalisme et libéralisme dans un article en préparation. Dans ce même article, je ferai aussi une digression en faisant une comparaison entre le Proof of Work et le Proof of Stake, avec une grille de lecture moins technique que sociale.


N'oublions pas que le système monétaire actuel est le résultat d'une idéologie "sociale-libérale" de type keynésienne, où l'interventionnisme de l'Etat dans la sphère monétaire a été érigé en dogme indéboulonnable.


C'est l'alliance public-privé qui a forgé le système monétaire actuel et ses désordres.


Si le système monétaire actuel est "social-libéral", la question est donc de savoir, si la solution pour le refonder se trouve dans plus d'Etat (voie sociale), ou dans moins d'Etat (voie libérale).


Notre système monétaire souffre finalement d'être un modèle hybride.


Il est constamment tiraillé, car on lui en demande trop, et dans des directions diamétralement opposées.


Les besoins des Etats déficitaires, des Etats excédentaires, des Etats providence, de la finance, des entreprises qui importent, des entreprises qui exportent, des citoyens qui épargnent, et des citoyens qui s'endettent, ne peuvent pas être alignés.


Croire qu'une politique monétaire puisse convenir à tous les agents économiques au même moment est donc une utopie. C'est le point essentiel à comprendre pour refonder le système monétaire à l'avenir.


Ce n'est pas à une "bataille des cryptomonnaies" à laquelle vous allez assister dans les prochaines années, mais à une bataille des "politiques monétaires".


Cette bataille sera inévitable car nous faisons face à plusieurs défis immenses, comme la lutte contre le réchauffement climatique, le déclin relatif de l'Occident vis à vis de l'Asie, des fortes inégalités, des crises, ainsi qu'à un système monétaire à bout de souffle.


Ma conviction profonde, c'est que la monnaie-papier ainsi que les réserves fractionnaires auront été une expérience assez courte finalement dans l'histoire monétaire, et qu'un système plus sage et rationnel finira indubitablement par s'imposer, très certainement en réaction à une multitude d'événements de plus en plus négatifs.


Sans doute que je suis trop cartésien, mais tout au long du livre de M. Dufrêne, j'ai eu l'impression de déambuler dans le monde des bisounours. Cela aurait pu être amusant, si ce livre n'était pas un projet sérieux de monnaie.



Cela me rappelle la phrase de Hayek au sujet de Keynes.


He was one of the cleverest men I knew, but he was not really a very competent economist at all. He had strong intuitions, which sometimes were right, and the strong conviction that he could put over any theory that he invented to justify his particular recommendations.

En lisant ce livre, je me suis demandé si la monnaie n'était finalement pas quelque chose de très simple, alors que depuis des siècles, philosophes, économistes et théoriciens de la monnaie, n'ont pas réussi à se mettre d'accord.


Mon arrivé chez les bisounours a commencé à la page 13 avec l'interrogation ci-dessous.


si la monnaie est une institution sociale qui dépend de notre volonté collective et qui peut être créé à partir de rien, pourquoi manque-t-on toujours d'argent pour financer les hôpitaux, les services publics et - c'est l'objet de ce livre - la transition écologique et solidaire, qui est la grande aventure humaine du XXI ième siècle ?

Bon sang, mais c'est bien sûr, pourquoi on ne fait pas ça ?!


Attention, lorsque je lis un tel postulat, j'aimerais beaucoup que ça soit vrai.


Qui ne souhaite pas avoir des hôpitaux et des services publics rutilants ? Qui ne souhaite pas lutter efficacement contre le réchauffement climatique ? Qui ne souhaite pas éradiquer la misère dans le monde ? Sauf quelques autocrates...pas grand monde.


Seulement, si après des milliers d'années d'évolution sur cette Terre, ça ne se passe toujours pas aussi simplement, c'est bien que le passage de cette théorie simpliste à la pratique n'est pas aussi évident qu'on veut bien nous le faire croire dans ce livre.


Dans le doute, j'ai quand même continué ma lecture, car peut-être que l'institut Rousseau, créé ex nihilo en 2020, a trouvé la martingale de l'âge d'Or pendant le Grand Confinement.


La monnaie écologique c'est donc la solution "plus d'Etat".


C'est le contraire de bitcoin qui est la solution "moins d'Etat".


Nous sommes bien à la croisée des chemins d'un grand jeu d'influence politique, qui aura des répercussions sur nous tous, pour les prochaines décennies.


Je vais maintenant tenter de vous donner quelques clés pour juger de la pertinence du concept de monnaie écologique, selon ma grille de lecture.


Avant, il faut être totalement transparent. Quelle est ma grille de lecture ?


C'est simple, certains ont une passion invétérée pour l'Etat, moi je mets la notion fondamentale de liberté au dessus de l'Etat.


Je considère que trop d'Etat fini un jour ou l'autre par être dangereux.


L'actualité tragique de ce mois de Mars 2022 (guerre en Ukraine), nous rappelle que les Etats n'ont pas toujours des objectifs humanistes, même au XXI ième siècle.


D'ailleurs, en réponse à des rumeurs de fuites de capitaux russes sur le réseau Bitcoin, j'ai lu que certains députés européens voulaient l'interdire.


Pardon, mais ce n'est pas l'institution sociale bitcoin qui a déclenché la guerre, c'est bien une institution politique, en l'occurrence l'Etat Russe.


Si on suit cette logique ridicule d'interdiction, je suis donc étonné qu'aucun député n'ait proposé d'interdire les "Etats", puisqu'un Etat peut avoir des dérives autoritaires.


L'Histoire le prouve tragiquement, sans contestation possible, la centralisation des pouvoirs est un véritable danger.


Pour autant, c'est difficile (voire inconcevable à date) de retirer l'organisation de la justice ou de la sécurité des prérogatives régaliennes.


Contrairement, aux anarchistes, aux marxistes, ou à la pensée anomique, je pense qu'un Etat est nécessaire.


Par contre, le pouvoir monétaire est également un très grand pouvoir, et nous sommes en droit de se demander, s'il est éthique que ce pouvoir réside encore entre les mains d'une institution politique, alors que désormais il existe une institution sociale fonctionnelle.


Là où une institution sociale peut fonctionner naturellement, quel avantage avons-nous à ajouter une institution politique au dessus ?


Je n'identifie que des risques et aucune opportunité.


L'Humanité fait des bonds civilisationnels lorsqu'elle exploite une nouvelle technologie à forte évolutivité sociale.


Le numérique a ouvert une nouvelle ère pour l'Humanité.


bitcoin est la première monnaie de cette nouvelle ère.


Il est possible que ça soit la dernière, car bitcoin s'est inspiré de l'Or qui a traversé les millénaires, mais sans ses défauts (transportable, compatible avec le numérique, sécable facilement, et surtout utilisable horizontalement par les échangistes sans être un étalon stocké par les Etats).


Il est possible que nous soyons en train de vivre l'avènement de la monnaie des prochaines décennies ou des prochains siècles.


Ce n'est pas totalement farfelu puisque bitcoin s'inscrit dans une nouvelle ère.


Personne n'imagine, sauf véritable catastrophe, que nous reviendrons un jour à un monde sans numérique. Le numérique pourra uniquement être soustrait par quelque chose de radicalement différent et mieux dans le futur.


De la même manière, bitcoin pourra uniquement être remplacé par quelque chose de mieux et de radicalement différent.


En 13 ans, et malgré plusieurs milliers de crypto, bitcoin est toujours tout en haut des sondages.


On peut donc raisonnablement estimer qu'il n'y aura pas de meilleure monnaie naturelle que bitcoin avant une nouvelle rupture technologique.


Conclusion, bitcoin a déjà gagné la bataille des monnaies numériques naturelles.


C'était la première phase.


Dans une deuxième phase (déjà en cours), bitcoin va devoir convaincre le monde entier que c'est un excellent actif monétaire d'épargne de long terme, puis peut-être dans une troisième phase (jusqu'à ce qu'il atteigne une valeur qui le rende plus stable) de servir à faire des transactions courantes.


Dans cette seconde phase, les Etats vont tout faire pour stopper bitcoin dans son ascension, avec des motifs sans doute fallacieux.


En attendant que l'alternative monétaire se dessine doucement, le capitalisme financier est en train de faire exploser les inégalités avec les hyper riches.


Que certaines personnes soient raisonnablement riches, n'est pas destructeur dans une société. La possibilité de gagner de l'argent c'est même ce qui constitue un des moteurs puissants (mais ce n'est pas le seul) de l'entreprenariat. Si vous enlevez cette possibilité, vous aurez une société atone ou plus personne ne prendra de risques.


Entreprendre et innover, c'est prendre des risques.


C'est légitime, que ce risque soit récompensé, surtout si l'entreprise créée, profite collectivement à la société.


L'injustice sociale ou le problème éthique, c'est lorsque la production de monnaie, fait gonfler artificiellement certaines fortunes sans prise de risques supplémentaires, alors que cette monnaie est le bien de tous.


Ce n'est pas une redistribution des richesses car la production de monnaie n'est pas de la production de richesse. Ce n'est pas le succès d'un entrepreneur de génie non plus. C'est une spoliation des richesses à une très large majorité (99,99 %).


Je suis convaincu que socialement, cette situation de copinage entre système monétaire et capitalisme financier est intenable car l'écart se creuse de plus en plus exponentiellement.


La seule inconnue c'est pendant encore combien de temps les citoyens vont tolérer cette injustice.


Le capitalisme a dérivé vers un capitalisme financiarisé en viciant la monnaie, ou la monnaie viciée a amplifié la financiarisation du capitalisme. C'est un peu le paradoxe de l'œuf ou la poule.


Pour ceux qui l'ignorerait, le capitalisme financier et oligarchique n'est qu'une sous-branche du capitalisme, d'autres modèles de capitalisme plus sains existent en théorie, comme le capitalisme entrepreneurial, qui génère les grandes innovations.


La fonction monétaire s'est déplacée de l'économie réelle vers les marchés financiers depuis les années 80-90, et ces marchés attirent, la majorité des liquidités injectées dans le système, tel un trou noir.


Depuis 40 ans, s'est formée insidieusement une sorte de cartel entre secteur bancaire, financier, banque centrale et Etats. (Attention, je n'y vois pas là un complot).


Cela a été la tentation naturelle (ou la voie facile) au fil de l'histoire de supprimer les contraintes sur la production de la monnaie, pour aboutir jusqu'à la proposition de M. Dufrêne de monnaie écologique.


C'est l'aboutissement de ce long processus qui a consisté à dénaturer la monnaie.


J'aime bien ce mot "dénaturer" car au tout début des échanges monétaires nous avions des "monnaies naturelles" choisis par les échangistes. A contrario, les monnaies forcées d'aujourd'hui sont des monnaies artificielles. La proposition de monnaie écologique devrait donc en toute honnêteté s'appeler (à minima) "monnaie artificielle écologique".


En général, l'écologie et l'artificialité (ou facticité) ne sont pas bons amis.


Je fais le rêve que nous sommes à la croisée des chemins, et qu'une transition vers un capitalisme plus entrepreneurial, plus vert et surtout plus humain sera le nouveau modèle économique et politique, pour ce siècle et les prochains.


Sans quoi, je ressens une colère sourde, qui pourrait s'exprimer davantage dans les urnes, ou par la violence.


Cela pourrait finir par mettre en péril nos démocraties occidentales.


C'est d'autant plus un danger, que nous assistons à une nouvelle polarisation géopolitique du monde entre l'Occident d'un côté, et les autocraties de plus en plus puissantes de l'autre (Chine, Russie,...).


Le premier péril à surveiller dans une économie est l'inflation. C'est la maladie auto-immune de toutes les civilisations à surveiller comme le lait sur le feu, car c'est souvent le symptôme d'un affaiblissement politique, puis l'accélérateur.


Je ne sais pas si ça vaut la peine de le préciser, mais j'ai une préférence pour les concepts de Hayek, plutôt que de Keynes, même si Keynes eût peut-être changé d'avis (il changeait très souvent d'avis paraît-il) sur l'expansion monétaire, et le rôle de l'Etat dans la politique monétaire au vu des désordres monétaires que nous vivons depuis deux décennies.


La pensée de Keynes a été un peu dévoyée et utilisée avec excès, par les politiciens, car sa théorie est la plus compatible avec la tentation irrésistible de financer toutes les promesses pour se faire élire.


Dans le sillage des politiques monétaires de type keynésienne, je ne doute pas une seule seconde que la proposition de monnaie écologique finira donc par trouver des supporters dans le monde politique.


Cette fuite en avant, fonctionne encore, par conséquent, cela pousse certains à dire qu'il n'y aurait pas de limites, et qu'on peut annuler les dettes souveraines détenues par la BCE.


C'est une erreur à mon avis, car même si ça tient encore, ce n'est pas une raison pour accélérer.


C'est comme si vous rouliez à 180 Km/h, et que vous n'aviez pas eu d'accident, et que vous en déduisiez que vous pouviez continuer à augmenter votre vitesse.


C'est irrationnel de considérer que dans la durée un tel système ne va pas finir pas se crasher.


Quoiqu'il en soit, Keynes est un peu le Messi (footballeur) des économistes, et il sera très difficile pour un économiste hétérodoxe de prendre sa place. Cela se fera qu'en réaction à un évènement négatif, car une mutation monétaire va souvent de pair avec une mutation politique.


Dans cette période incertaine, M. Dufrêne propose de libérer la monnaie du fardeau de la dette, et d'orienter cette injection massive de monnaie pérenne, dans la transition écologique.


Encore une fois, l'objectif est louable.


Comme l'idée de monnaie-papier à l'origine l'était tout autant.


Le long cheminement du système monétaire, le bimétallisme, les certificats d'Or, les billets de banques, le système de Bretton Woods, jusqu'à la monnaie-papier sans corrélation à un métal précieux, n'a été qu'une succession d'abandons des Etats de leurs promesses (pourtant parfois inscrites sur les billets).


Comment s'assurer alors que demain ou après-demain, cette monnaie volontaire, résultat du constructivisme de politiques pourtant bien intentionnés au départ, ne serve pas à préparer un projet belliqueux de conquête de territoire en Europe par exemple ?


Les monnaies artificielles sont un très grand danger pour la paix dans le Monde, l'Histoire le prouve, et M. Dufrêne dans son livre le rappelle admirablement bien page 103.


Sans Schacht, Hitler n'aurait probablement pas réussi à avoir la formidable puissance industrielle et militaire dont il a disposé avant la guerre. Et l'emploi funeste et dramatique de cet outil monétaire magique n'invalide pas sa pertinence comme outil de relance de l'activité et de réalisation d'un plan.

Ce passage, est le plus ahurissant du livre.


La monnaie volontaire a permis à Hitler grâce à son ministre de l'économie, de transformer l'Allemagne pour devenir une puissance industrielle et militaire.


Mais cela n'invalide pas sa pertinence comme outil.


J'aimerais beaucoup que M. Dufrêne, nous explique en quoi ce terrible constat, n'invalide pas la monnaie volontaire, car pour moi cela n'a rien d'évident.


Personnellement, j'en conclue plutôt que les monnaies illimitées, à fortiori volontaire, sont propices à ce genre de velléités guerrières.


Autre exemple, si les Etats-Unis ont mis fin aux accords de Bretton Woods (change or-dollar), c'est aussi à cause de l'augmentation des dépenses publiques pendant la guerre du Vietnam.


La guerre et la monnaie artificielle illimitée sont étroitement liées historiquement.


Aucun pays, même une démocratie (rappelons que Hitler avait été élu) n'est à l'abri de ce genres de dérives.


La monnaie devrait rester neutre, limitée et dépossédée des Etats.


Mais ce n'est pas tout, la monnaie illimitée est aussi une source d'inflation sectorielle, et donc d'inégalités.


Ce sont des maux qui peuvent générer de la colère sociale sourde dans les urnes, ou plus violente.


Idéologiquement, ce sont toutes ces raisons qui cristallisent ma forte opposition à la monnaie écologique.


Et, j'ai d'autres raisons plus techniques que j'aborderai plus tard.


Dans le livre de M. Dufrêne, il y a beaucoup de choses qui sont dîtes comme s'il s'agissait de vérités absolues, alors que dans la réalité, c'est beaucoup plus discutable.


Par exemple, avec cette citation page 15.


Lors de la crise de 2008, tous les regards se sont ainsi tournés non seulement vers les Etats, mais aussi et surtout vers les banques centrales, qui ont pris leurs responsabilités dans les limites qui leur sont imposées par le droit.

Je m'inscris en faux, la FED (et même peut-être la BCE), a été beaucoup plus loin que les limites imposées par le droit.


Elle est passée de "prêteur en dernier ressort" à "investisseur en dernier ressort".


A tel point qu'aujourd'hui, la grande majorité de la monnaie est créée via un mode acquisitif sur les marchés financiers.


La ligne rouge a été allègrement franchie dans la doctrine qui prévalait avant 2008.


Je n'émets pas de jugement sur le bien fondé de cette politique monétaire non conventionnelle pour sauver le système bancaire et financier en 2008, puis pour soutenir l'économie réelle pendant la pandémie de 2020-2021.


Les banques centrales ont évoluées vers une politique monétaire à dominance budgétaire.


Pour le coup, on peut vraiment parler de monnaie magique maintenant.


Premier constat, la monnaie volontaire existe presque déjà en pratique.


On distingue bien ici, ce processus de délitement de la monnaie, et d'abandons progressifs des principes fondateurs moraux.


Dès lors que la possibilité existe, la tentation est trop forte, et la politique monétaire s'engouffre dans le vice.


Là, où à raison M. Dufrêne, c'est que pour l'instant ça tient.


La confiance est toujours là. C'est incroyable. Et, disons-le, tant mieux !


Peut-être que la monnaie, est une véritable science, et que plus nous avançons dans l'expérience monétaire, plus nous nous rendons compte que les principes monétaristes ou autrichien sont faux.


La monnaie volontaire serait peut-être une révolution copernicienne ?


Ne crions pas victoire trop vite.


Le fait monétaire est quelque chose de complexe et lent.


Si le fait monétaire s'est cristallisé autour de l'euro (et du franc avant), c'est parce qu'à un moment ou un autre de notre Histoire, notre imaginaire monétaire s'est construit sur des métaux précieux tangibles. Les banques centrales en ont bien conscience, et c'est la raison pour laquelle, elles gardent précieusement leurs stocks d'Or, même s'il ne sert plus à rien. C'est le célèbre thème de la série espagnole "Casa de papel".


Est-ce que la monnaie volontaire est l'aboutissement génial de nos civilisations avancées, ou le futur terreau d'un affaiblissement monétaire annoncé ?


Si, nous vivions une sorte d'âge d'Or, avec une prospérité criante, et une stabilité économique à toute épreuve, j'aurais tendance à dire, allez, GO on le tente, on a une planète à sauver urgemment.


Mais ce n'est pas du tout ce que j'observe.


Les alertes sont déjà là devant nos yeux, et prennent la forme de crises économiques et financières toujours plus fortes, de monnaies qui se déprécient, d'inégalités qui se creusent, et d'inflation sectorielle toujours plus forte.


Et malgré ces avertissements, il faudrait fermer les yeux, et accélérer cette fuite en avant en émettant massivement de la monnaie volontaire ?


Certes cette monnaie volontaire serait orientée vers la transition écologique.


Toutefois, cette monnaie volontaire constituerait toujours qu'une partie de la production de monnaie.


L'ancien système subsisterait.


Donc, ce n'est qu'un pis-aller.


Alors qu'il faudrait à l'inverse, remettre de la rationalité dans le système pour pacifier la compétition monétaire mondiale, et surtout rendre le pouvoir monétaire aux citoyens en tant qu'institution sociale.


Cette idée de monnaie écologique n'existe pas encore, qu'elle est déjà dépassée.


Elle arrive 13 ans trop tard, car de plus en plus de citoyens comprennent mieux comment fonctionne la monnaie, grâce à bitcoin.


Tout le système s'était pourtant employé à rendre la création monétaire abscon.


Il n'y a plus grand monde d'ailleurs qui est en mesure d'expliquer avec exactitude comment l'ensemble du système monétaire fonctionne tellement il est devenu sophistiqué.


Pour la première fois de notre histoire, nous avons une technologie pour décentraliser la monnaie, la rendre neutre, transparente, limitée, simple, auditable et surtout non manipulable par les Etats.


C'est une chance inouïe de faire un bond civilisationnel, mais nous poursuivons dans la voie de l'autodestruction, car la rive de ce nouvel ordre monétaire mondial est encore beaucoup trop loin pour sauter.


C'est vrai que le saut est gigantesque, notamment à cause de la complexité du système actuel, et cela ne devrait pas être possible, tant qu'on ne construira pas des ponts pour faire cohabiter l'ancien et le nouveau système.


L'inversion d'infrastructure ne se fera pas en quelques années.


C'est normal, tout comme l'inversion d'infrastructure du Réseau Téléphonique Commuté (RTC) n'est toujours pas totalement terminée.


Les Etats vont s'efforcer via des règlementations liberticides, à ce que cette rive reste suffisamment inaccessible aux citoyens lambdas, en cassant méthodiquement chaque ponts en cours de construction.


Cela n'arrêtera pas la tokenization de la monnaie (stablecoins, MNBC,...), car la technologie est grandement supérieure à la monnaie scripturale.


Peut-être même que bitcoin mourra à force d'être laissé en cage, mais les Etats peuvent être sûr qu'à la moindre erreur stratégique de gestion de leur monnaie, cela sera synonyme désormais de tentation pour les citoyens de refonder via des élections politiques le système pour revenir à une monnaie dure.


En cela, le phénomène crypto, est déjà un énorme succès historique.


L'auto-éducation monétaire avance vite.


Il existe désormais un contre-pouvoir démocratique utile, et les Etats ne peuvent plus agir comme si de rien n'était. Ils vont devoir prendre en compte qu'une mauvaise monnaie est un risque de sédition monétaire.


Une mauvaise monnaie c'est une monnaie qui n'est pas (à minima) stable dans le temps en terme de pouvoir d'achat.


Selon cette définition, est-ce qu'une monnaie écologique est une bonne monnaie ?


Si on commence à complexifier la notion de bonne monnaie avec d'autres critères que la seule stabilité, comme avec la notion de "transition écologique", on rentre dans un jeu dangereux, car la croyance sociale qui fait la valeur réelle du stock monétaire, ne sera plus la cristallisation collective des intérêts individuels égoïstes qui guident le "désir universel" d'utiliser telle ou telle monnaie.


Est-ce que le genre Humain est compatible avec ce concept de monnaie ?


Pour répondre, il faudrait savoir si le fait monétaire trouve sa source dans notre "striatum" ou dans notre "cortex" ?


C'est le moment, d'évoquer ce que je nomme la "Grande Illusion" monétaire.


C'est très important.


Si vous comprenez ça, vous comprenez LA monnaie.


Beaucoup de personnes croient (M. Dufrêne en fait partie à l'évidence) que la valeur de la monnaie c'est juste l'addition des encaisses nominales émises par les banques commerciales.


Ce qu'ils ne disent pas (volontairement ou par ignorance), c'est que ce sont les échangistes (vous, moi,...) de la monnaie - et seulement eux ! - qui construisent la valeur de la monnaie.


En l'occurrence, les encaisses réelles.


L'encaisse réelle, c'est le pouvoir d'achat de l'encaisse nominale.


Les banques centrales ou commerciales ne savent pas créer des encaisses réelles.


Les producteurs de monnaie prétendent déterminer la quantité de monnaie, mais c'est totalement faux.


La valeur nominale de la monnaie n'a strictement aucun intérêt, ce qui compte réellement, c'est la valeur de la masse monétaire, en terme de pouvoir d'achat.


La politique monétaire est par conséquent la Grande Illusion de notre siècle.


C'est une politique de destruction monétaire car plus vous émettez de monnaie nominale, plus vous détruisez de monnaie réelle.


Pour bien saisir comment la politique monétaire fonctionne, il faut mettre en route son "cortex", par contre, pour le "fait monétaire", et la valeur du stock de la masse monétaire, c'est bien notre "striatum" qui prend le relais via le "désir" de monnaie des échangistes.

Par conséquent, si on vous dit, que la monnaie que vous épargnez, sert à isoler la maison via la monnaie volontaire, d'un néerlandais, ou même d'un français, en détruisant la valeur de votre travail, votre "cortex" va sans doute comprendre l'intérêt pour la planète, mais votre "striatum" va moins avoir envie d'épargner cette monnaie.


Cette lutte intérieur, c'est déjà ce qui nous fait prendre l'avion pour aller à l'autre bout du monde en vacances, tout en étant pour la lutte contre la réchauffement climatique.


Nous sommes pleins de contradictions ou de paradoxes, entre ce que nous voulons, ce que nous pensons, ce que nous disons, et ce que vous faisons.


Si vous incorporez cette dualité "stabilité" et "écologie" dans la monnaie, votre "striatum" désirera peut-être moins cette monnaie, et vous allez chercher des alternatives d'épargne ou de monnaie complémentaire.


C'est un processus de grande ampleur d'élection de monnaie naturelle alternative qui se mettrait en marche sur le sol Européen.


C'est le désir d'euro qui baisserait, et cela pourrait déboucher sur une crise monétaire.


C'est un risque qui ne peut pas être nié par M. Dufresne, car lui-même reprend cette notion connue de "désirable universel", page 22.


C'est une définition des économistes Michel Aglietta et André Orléan.


D'ailleurs, le second a écrit un formidable livre "L'empire de la valeur" (trop peu connu), qui est sur le podium de mes livres préférés dans la catégorie économie.


Etonnamment, André Orléan, qui est un économiste plutôt courant marxiste, a une conception de la valeur de la monnaie assez proche de Carl Menger (économiste fondateur de l'école autrichienne, donc libéral). André Orléan est juste en désaccord avec Carl Menger, sur le fait qu'il appréhende l'économie de troc comme étant la configuration originelle des économies marchandes.


Même si l'intellectualisation du fait monétaire n'est pas impossible pour une minorité, je pense que la grande majorité du fait monétaire est encore le fruit de notre désir inconscient de possession de monnaie.


La magie du fait monétaire, est encore quelque chose d'inexpliquée, et il faut faire très attention avec ces concepts nouveaux autour de la monnaie.


Selon ma grille de lecture anthropologique de la monnaie, la monnaie écologique (qui ne sera pas juste temporaire et juste de quelques milliards d'encaisses nominales) est un danger potentiel pour le fait monétaire de l'euro.


Le plus gros défaut structurel de la monnaie écologique, c'est donc la destruction de la monnaie réelle.


C'est plus connu sous le nom d'inflation.


"La monnaie écologique" est un livre qui a été écrit à deux (Grandjean et Dufrêne), et ça se ressent tout au long du livre car il y a des contradictions et des revirements.


Un exemple, page 22, un des auteurs souligne la belle définition de "désirable universel".


C'est le courant monétaire institutionnaliste.


Mais, page 23-24, on bascule comme par magie dans le courant Chartaliste.


L'Etat joue un rôle singulier dans cette acceptation de la monnaie puisque c'est la puissance publique qui garantit son cours légal et "force" son adoption. La monnaie est donc aussi une créateur de la loi

C'est tomber dans le "Charlatanisme" que d'associer le courant Institutionnaliste et Chartaliste pour expliquer le fait monétaire.


Le courant institutionnaliste réfute que la monnaie soit la créature de la loi.


Et bitcoin est la preuve vivante que le fait monétaire n'est pas une créature de la loi.


Ce sont les "Etats" qui ont capturé les "faits monétaires" au fil de l'Histoire.


C'est une première contradiction, mais j'en ai lu beaucoup d'autres.


C'est à se demander si les deux auteurs sont du même courant idéologique.


Cette dichotomie sur des points fondamentaux fini par brouiller le message du livre.

Toujours page 24, il y a un passage tout aussi savoureux.


[...] lorsque la confiance était plus difficile à accorder aux Etats et aux règles. On préférait alors un actif physique incontestable, comme l'or, ce qui n'empêchait toutefois ni à des systèmes de crédit d'exister, ni au pouvoir de manipuler la valeur de la monnaie.

C'est s'arranger avec l'Histoire.


Chronologiquement, c'est parce que les Etats-Unis ont bafoué la confiance du monde entier (dont la France. cf. Jacques Rueff et le Général De Gaulle), que l'Or a été brutalement abandonné.


Je retiens cependant que M. Dufrêne a bien conscience que le pouvoir cherche constamment à manipuler la valeur de la monnaie. Nous avons réellement des points de convergence, sur les défauts du système monétaire actuel.


C'est vrai qu'un étalon-or ou un régime change-or n'a jamais empêché au pouvoir de manipuler la valeur de la monnaie.


C'est la raison pour laquelle, une monnaie comme bitcoin, totalement décentralisée, et sécable jusqu'à 8 sous-unités, doit être directement utilisée par les échangistes comme monnaie d'épargne et/ou courante, et pas comme étalon monétaire.


bitcoin est un système monétaire et un système de paiement, il n'y a donc aucune raison de l'utiliser comme simple étalon.


Cela fait écho à un autre passage, page 27.


Les économistes quantitavistes, comme plus tard monétaristes, ne se rendent pas compte, semble-t-il, que si la confiance dans la monnaie peut disparaître à cause de l'hyperinflation, elle peut aussi disparaître en période d'insuffisance de la masse monétaire.

C'est faux !


C'était peut-être vrai avec l'or ou l'argent, mais c'est maintenant faux avec une monnaie numérique.


Avec une monnaie numérique dure (stock fini) et fortement sécable, comme bitcoin, le développement des échanges serait tout simplement satisfait par une augmentation continue et progressive du pouvoir d'achat de la monnaie.


Dans un tel système monétaire, les citoyens pourraient librement décider de l'utilisation de la monnaie entre le présent et le futur, car la monnaie ne se déprécierait pas à cause de l'émission de nouvelles unités.


Toujours sur le même thème, page 32 :


Comment des flux et des échanges croissants de marchandise pourraient être réalisés avec des pièces métalliques en quantité limitée ?

Vous enlevez "pièces métalliques" de la phrase, et la solution technique existe déjà :

les blockchains (et/ou bitcoin).


C'est à croire que la révolution bitcoin, n'est pas encore comprise de tous, et même de certains spécialistes de la monnaie. Je ne leur jette pas la pierre, pour comprendre la monnaie du futur, il est d'ores et déjà préférable de faire des études d'informatique que d'économie ou de sciences politique.


Comme je vous le disais, au XX ième siècle, la monnaie volontaire était peut-être une bonne idée car dans le contexte technologique, il n'y avait pas mieux. Lorsqu'il n'y a pas de solution collective sans tiers de confiance efficace on s'en remet à l'Etat pour organiser la vie de la cité.


Je connais un seul économiste qui aurait pu être tout aussi bien informaticien.


C'est Friedrich August von Hayek (1899-1992).


Hayek a prophétisé la monnaie numérique dès le XX ième siècle.


Cette citation n'est pas dans le livre de M. Dufrêne bien sûr.


« Une autre évolution possible serait le remplacement des pièces actuelles par des jetons de plastique ou d’une manière similaire, identifiables pas électronique, que toutes les caisses et les distributeurs automatiques pourraient reconnaître, et dont la « signature » serait légalement protégée, ainsi que tout autre document, contre la contrefaçon. »

Espérons, qu'un jour Hayek soit consacré le nouveau capitaine de l'équipe des économistes orthodoxes, et que Keynes se retrouve sur le banc des hétérodoxes, sinon l'Occident, et à fortiori l'Europe, pourraient vite être relégués en ligue inférieure de la compétition économique mondiale. Toutefois, le chemin risque d'être long, puisque la très grande majorité des économistes conçoivent leurs modèles théoriques avec une monnaie insignifiante, voire totalement absente.


C'est très difficile pour moi de faire une synthèse homogène du livre de M. Dufrêne, car page après page, j'ai toujours ces contradictions que j'évoquais toute à l'heure qui reviennent.


Par exemple, après le courant Chartaliste, on revient au courant institutionnaliste, page 27.

La "créature de la loi" a pris congé visiblement.


il est déjà important de souligner que la monnaie est une institution sociale, et par conséquent, que les formes de la politique monétaire relèvent in fine de la confiance de la population sans laquelle elles ne sont rien.

C'est exactement ce que je disais plus haut, concernant la confiance.


C'est pas sûr que la population donne sa confiance à une monnaie écologique, bien que le nom sonne bien, c'est très loin d'être une "Sound Money" désirable.


Autre contradiction, tout au long du livre, les auteurs, clament haut et fort, que l'inflation monétaire et l'inflation des prix sont des idées dépassées.


Dont acte !


Alors pourquoi revenir à une définition quantitativiste de l'inflation, page 33 :


Au contraire, avec une quantité de monnaie trop importante par rapport aux capacités de production ou d'échange, ce sont les prix qui risquent d'augmenter et non les richesses créés, et la valeur de la monnaie se dépréciera.

C'est vraiment à en perdre son latin.


Un peu plus loin, page 38, on quitte le domaine de la contradiction, pour le domaine de l'inexactitude (tout à fait vérifiable).


la monnaie est devenue plus "endogène", c'est à dire qu'elle dépend essentiellement de la demande de crédits des acteurs économiques, qu'"exogène", c'est à dire extérieure à l'activité humaine, comme l'est par exemple un volume d'Or ou d'argent.

Jusqu'en 2008 environ, la création monétaire était plutôt endogène en effet, car c'est l'activité économique et les crédits accordés aux agents économiques par les banques commerciales, qui faisaient l'émission de nouvelle monnaie.


Cette monnaie est temporaire, jusqu'au reflux via le remboursement du prêt.


C'est la création-destruction de la monnaie.


Elle n'est pas pérenne comme le serait la monnaie volontaire sans contreparties.


Depuis les politiques monétaires non conventionnelles, la création monétaire est de plus en plus exogène, c'est à dire que la monnaie est émise sans contreparties (c'est le mode acquisitif).


Normalement, ce sont plutôt deux modèles monétaires différents (système "ricardien" vs système "wicksellien"), mais il semble que nous avons de plus en plus une cohabitation des deux types de création monétaire ("endogène" et "exogène").


On ne sait plus trop si la base monétaire est déterminée du côté de l'offre (banque centrale), ou de la demande (activités économiques).


L'ancien modèle classique ("endogène") avec le mode bancaire, où la monnaie est créée en réponse à une demande de crédits a été bousculé par les crises successives.


La politique monétaire non conventionnelle est une politique qui dure depuis 14 ans maintenant, nous pouvons donc considérer qu'elle est devenue la nouvelle politique conventionnelle. C'est très difficile d'en sortir sans provoquer une crise.


Une nouvelle barrière idéologique a donc sautée insidieusement, face à l'adversité.


On peut vraiment parler de monnaie créée ex nihilo ou de monnaie magique.


Après la monnaie vraiment magique, un "moment vraiment magique", page 80.


"l'inflation peut non seulement être contrôlée, mais également, si elle est cantonnée, avoir des vertus,..."


le postulat monétariste selon lequel l'inflation est nécessairement néfaste pour l'activité économique ne tient pas compte de son effet sur les dettes publiques comme privées, dont elle tend à alléger le poids si elle s'accompagne d'une augmentation des revenues des agents (ce qui est mécaniquement le cas pour l'Etat)

Cela a le mérite d'être clair ! Tant de franchise me troublerait presque.


L'inflation n'est pas un "bug" mais bien une "fonctionnalité" assumée, et tout va bien car l'Etat est gagnant.


Quand je vous disais en introduction, que certains avaient une passion pour l'Etat, en voici un bel exemple.


On ne peut même pas parler de vision collectiviste, car les premiers à souffrir de l'inflation ce sont les classes populaires et moyennes.


Cette vision strictement étatique de la monnaie alors que c'est un bien commun qui s'est constitué grâce à la croyance sociale des citoyens, est choquant.


Rappelons que l'inflation monétaire est un impôt caché pour les échangistes.


N'ayons pas peur des mots, c'est une spoliation des droits de propriété. Ces fameux droits de propriété si fondamentaux au libéralisme.


L'impôt est tout à fait démocratique, utile et nécessaire.


Alors, que l'inflation monétaire n'est pas démocratique.


Au passage, savez vous pourquoi nous payons des impôts alors que la monnaie pourrait être créée ex nihilo ? C'est pour constituer le "fait monétaire" (artificiel).


Il est peu probable que s'il n'y avait pas une obligation de payer ses impôts en euros, la foi sociale dans l'euro, puisse perdurer.


C'est la différence entre une monnaie artificielle (forcée) et une monnaie naturelle (désirée).


Comment faire la différence entre une monnaie artificielle et une monnaie naturelle ?


C'est simple.


bitcoin a de la valeur, alors que c'est juste un actif, sans cours monétaire légal.


bitcoin a donc une valeur intrinsèque avant d'avoir une valeur monétaire.


A l'inverse, si vous enlevez la valeur monétaire de l'euro, sa valeur intrinsèque est zéro.


Si la valeur intrinsèque d'une monnaie vaut zéro c'est qu'il s'agit d'une monnaie artificielle, car une monnaie naturelle c'est une valeur intrinsèque + une valeur monétaire.


Quand on vous dit que l'actif monétaire bitcoin, vaut intrinsèquement zéro, c'est un mensonge ou quelqu'un qui n'a jamais lu Carl Menger ou Ludwig von Mises.


En économie, et à plus forte raison dans la spécialité monétaire, il y a jamais consensus sur la causalité.


Si vous êtes un économiste monétariste ou de courant autrichien, vous voyez une inflation monétaire comme la cause de la majorité de crises. Alors que si vous êtes un économiste classique, vous voyez les crises comme la conséquence de chocs de l'offre ou de la demande par exemple.


Concernant, l'interprétation du premier choc pétrolier, nous avons ce genre de clivage.


M. Dufrêne affirme la choses suivante, page 83.


la hausse des prix qu'ont connue les pays occidentaux à la suite des chocs pétroliers des années 1970 est évidemment due d'abord à la hause du prix du pétrole

C'est pas fondamentalement faux, mais c'est trompeur.


Cause ==> Effet


Hausse des prix du pétrole ==> Choc pétrolier


Cependant, si on dézoome temporellement, en fait on a ça :


"Dépréciation du dollar après la fin du système monétaire de Bretton Woods" ==> Hausse des prix du pétrole ==> Choc pétrolier


Si vous zoomez trop, vous n'avez qu'une vision très partielle de la causalité.


Elle n'est pas fausse, mais l'histoire est tronquée et arrangeante en fonction du point de vue.


Les monétaristes (ou le courant autrichien) ont étudiés beaucoup de cycles économiques, et ils sont unanimes, la principale cause des crises passées, est une inflation monétaire (trop rapide).


Dans la catégorie "interprétation de l'histoire économique" ou "mémoire sélective" ou "amnésie", j'ai un nouvel exemple, page 88.


[...] ce constat oublie simplement que toutes les crises financières majeures des cinquante dernières années n'ont pas été provoquées par un excès de dette publique.

C'est faire l'impasse sur la crise des dettes souveraines dans la zone euro en 2010-2012 qui a failli faire imploser l'Union Monétaire Européenne.


Comme le souligne M. Dufrêne page 90, le risque si un Etat a un accès illimité aux financements par sa banque centrale, n'est pas de faire faillite.


C'est vrai, la véritable richesse d'un Etat n'est pas sa monnaie mais sa production de biens et de services, et les impôts.


Le grand danger c'est une crise monétaire et la fin de la zone euro.


La fin de l'euro c'est potentiellement des dettes détenues par des investisseurs étrangers que nous ne pourrions plus rembourser.


Il s'agirait d'une crise de confiance des investisseurs du monde entier vis à vis de l'Europe.


Il est probable que chaque pays de la zone Europe, créerait sa propre monnaie nationale avec une forte dévaluation pour de nombreux pays (les pays du Sud dont la France).


La France verrait le coût de ses importations se renchérir (dont l'énergie).


L'épargne des français (livre A, assurances vie liées aux obligations pour beaucoup,...), et certains actifs comme l'immobilier perdraient une grande partie de leurs valeurs.


J'ai remarqué que dans toutes les réflexions de M. Dufresne, il analysait tous les tenants et aboutissants monétaires uniquement via le prisme de l'Etat, et jamais via le prisme des citoyens et des entreprises.


C'est symptomatique sans doute de sa fonction de haut fonctionnaire, même si tous ne font pas passer l'Etat avant les français dans leurs réflexions (personnelles en dehors de leur travail).


Il oublie que la véritable richesse de la France vient d'abord des agents économiques privés.


L'appauvrissement des français, et le déclassement économique de la France, avec la dépréciation de l'euro, voire la fin de la confiance dans l'euro, ne sont pas des sujets dignes d'intérêt visiblement.


Tant que l'Etat va, tout va !


Ce projet de monnaie écologique, est une étatisation de la politique monétaire, et une soviétisation de l'économie.


Mais c'était sans compter sur un pilier "Gouvernance"...extrêmement contraignant dans le projet de monnaie écologique, page 91.


Une création monétaire ciblée et discutée démocratiquement à la manière d'un bien commun, peut éviter les écueils de l'hyperinflation et de l'étatisation de l'économie.

Il y aura...des discussions...d-é-m-o-c-r-a-t-i-q-u-e-s.


L'adjonction du mot démocratique, n'est pas l'assurance que l'Etat n'ira pas contre les intérêts de certains de ces citoyens.


La gouvernance de bitcoin est bien plus démocratique.


bitcoin est une monnaie ouverte, neutre, dont les règles sont connues à l'avance, auditables, incensurables, transparentes, non modifiables sans consensus, et identiques pour tout le monde.


Et, la production de la monnaie dans le système monétaire Bitcoin est éthique, puisque il y a une déflation programmée avec un coût de production.


Quelle plus belle promesse monétaire pouvons-nous faire à des citoyens d'un pays démocratique ?


Dans les pays développés, je pense que bitcoin sera d'abord adopté par les démocraties véritablement soucieuses de leurs citoyens.


bitcoin va agir comme un révélateur de la vivacité démocratique des pays.


Si je ne suis pas d'accord sur le principe de monnaie volontaire à cause des risques évoqués plus haut, la question du coût de la "transition écologique" est cruciale.


Contrairement à M. Dufrêne, je parle de "coût" et pas de "financement", car ce n'est pas évident du tout que ce "coût" soit à la charge exclusive d'un Etat, et que par conséquent nous ayons besoin d'un "financement" étatique.


Parler de "financement" de la "transition écologique" c'est comme parler de "créature de la loi" pour la monnaie, c'est une vision idéologique.


Mon postulat, c'est que l'Etat n'est pas le mieux placé pour planifier et financer l'économie (même verte), parce qu'un interventionnisme excessif sera contre-productif.


Le plus fou, c'est que M. Dufrêne a le même avis, page 194.


Cette citation vient d'un paragraphe intitulé "Faut-il recourir à une monnaie fiscale complémentaire", mais elle convient aussi à la monnaie volontaire écologique.


Il y aurait un risque de lutte politique et sociale pour bénéficier des émissions, avec le risque d'un grand arbitraire.

Au sujet d'un interventionnisme contre-productif, prenons l'exemple passé du diesel.


La France a soutenu le diesel pendant 50 ans par opportunités.


Résultat, il y a encore quelques années, on comptait environ 65% de moteurs diesel dans le parc automobile sur le territoire (un record mondial).


Avec le recul, nous savons maintenant qu'il s'agissait d'un mauvais calcul car le diesel est plus polluant que l'essence.


Il y a pléthore d'exemples dans l'histoire où l'Etat s'est révélé être un très mauvais stratège.


Les changements de courants politiques tous les 5 ou 10 ans, n'arrangent rien à ce risque de lutte politique.


Cependant, sur certains sujets fortement capitalistique (comme le nucléaire), un financement par l'Etat est absolument nécessaire, car l'innovation entrepreneuriale pourra difficilement aller sur ce terrain.


Mais ce sont des exceptions plus que que la règle.


En dehors de quelques chantiers d'ampleurs, l'Etat ne doit pas orienter l'économie.


Cette soviétisation de l'économie tue l'envie d'entreprendre et l'innovation.


L'Etat devrait se limiter à soutenir (règlementairement et financièrement si besoin) les initiatives qui décollent.


Cela peut passer comme aujourd'hui par la Banque Publique d'Investissements, mais avec peut-être davantage de moyens, et une priorisation des financements de projets verts.


L'Etat devrait se limiter à fixer les grandes règles macro.


Ces grandes règles (lois) macro devraient être simples, ambitieuses, et surtout fixer un cap stable sur minimum 15 ans.


Charge ensuite, aux entrepreneurs de faire la retranscription de ces objectifs en faisant des tentatives d'essais-erreurs pour identifier les meilleures solutions de verdissement de l'économie.


Inventons un exemple : l'Etat souhaite la fin du moteur thermique dans 20 ans.


La mauvaise stratégie (état planificateur) ça serait de financer très fortement la transition vers un modèle de transport individuel décarboné précis. Disons, financer exclusivement les voitures électriques par exemple.


La bonne stratégie, ça serait de fixer uniquement cette interdiction via une loi. Charge ensuite, au marché de trouver le meilleur modèle décarboné (électrique, hydrogène, autre innovation,...).


En finançant uniquement la voiture électrique peut-être que nous passons à côté d'une voiture encore plus écologique (moins de batteries,...), ou d'un nouveau mode de transports collectif, ou simplement de moins de déplacements (télétravail, visioconférence, tourisme local,...).


Mon postulat est simple et incontestable, c'est quasi impossible de savoir de quoi sera fait l'avenir. D'autant plus à un horizon 20, 30 ou 50 ans.


Pour ne pas prendre une direction coûteuse en temps et en argent que nous pourrions regretter, il est donc préférable, de mettre en place un cadre propice - via la règlementation - au changement, plutôt que de planifier de manière centralisée le changement puis d'y associer des financements massifs.


C'est d'autant plus vrai que la France et l'Europe sont des zones géographiques qui sont plutôt "moutonnières" dans l'innovation. C'est de plus en plus rare que nous soyons à la pointe des vagues technologiques. Ce n'est plus l'Europe qui oriente les technologies qui inonderont demain le monde entier. J'avais expliqué une des raisons (la taille de la machine essai-erreurs trop petite en Europe) dans un de mes articles.


Il y a une autre raison évidente, c'est notre système de lois (droit civil). Le système "Common Law" anglosaxon est nettement supérieur quand il s'agit d'innovation. Aux US, ils laissent l'entrepreneuriat innover, jusqu'au jour où il y a un gros problème. Le juridique intervient alors pour encadrer en réaction. Dans le droit civil on tue l'innovation...avant d'avoir le moindre problème. C'est une aversion aux risques à l'extrême qui tue les opportunités.

Cela va encore se vérifier dans la vague innovante crypto, puisque l'Europe va promulguer sous peu tout un package de lois (loi MiCA) qui tuera sans doute l'innovation dans le domaine. Le pire je crois c'est que certains députés pensent bien faire. Au final, ils font du mal à l'Europe, et aux citoyens européens. Sur 10, 20 ans, c'est encore supportable. Mais sur 50 ans ou plus, l'Europe sera déclassé technologiquement et moins souveraine. Il suffit de comparer l'âge moyen des entreprises du CAC40 avec celui du S&P500, pour constater que nous vivons sur nos acquis.


C'est en partie le résultat d'un interventionnisme trop fort des législateurs (nationaux ou supranationaux). Chaque loi promulguée est une barrière à l'entrée pour des nouveaux entrants. Le lobby bancaire le sait très bien. Pour monopoliser un marché, mieux vaut une bonne loi, qu'un bon produit. La crypto, c'était l'espoir pour le consommateur d'avoir accès à des nouveaux produits moins cher, plus compétitifs, et de concurrencer le secteur bancaire sclérosé.


Cet espoir européen déçu, il viendra surement de l'Ouest (US) et de l'Est (Chine).


C'est devenu presque culturel en Europe de mettre des boulets aux pieds des entrepreneurs innovants pour qu'ils ne puissent pas participer à la compétition mondiale.


L'antithèse d'une planification centralisée de la transition écologique, c'est une transformation ouverte, distribuée et décentralisée dans tous les domaines possibles.


Il faut libérer les énergies.


Les solutions centralisées, packagées et financées par des hauts fonctionnaires (même les plus talentueux), ne seront plus valables dans un délai de 1 à 5 ans.


Le marché de l'offre et la demande, s'il est correctement et habilement règlementé aura une force de frappe considérablement supérieure à une stratégie centralisée.


L'écologie c'est comme la monnaie, il faut que ça soit désirable, sans quoi ces deux "biens communs" s'effondreront inévitablement.


Tesla a su rendre la voiture électrique désirable.


Il faut faire confiance à l'entreprenariat pour prendre en compte les nouvelles envies écologiques des consommateurs, et les contraintes règlementaires, pour transformer le monde afin qu'il soit plus vert et décarboné.


L'Etat doit rester dans un rôle minimaliste, et se positionner en tant qu'accompagnateur ou facilitateur.


L'Etat doit veiller à l'application des nouvelles règlementations, et sanctionner les contrevenants.


Néanmoins, dans les secteurs où l'entreprenariat ne jouerait pas pleinement son rôle, l'Etat doit investir (éducation, énergie nucléaire, biogaz,...).


En conséquence, cette "transition écologique ouverte et distribuée", n'a pas besoin d'une montagne de monnaie magique créée ex nihilo sans contreparties (c'est à dire de monnaie écologique).


N'ajoutons pas au danger climatique, le risque économique et monétaire.


En cas d'effondrement monétaire, il sera plus difficile pour les Etats d'inscrire tout en haut des priorités, la lutte contre le réchauffement climatique, car les européens seraient très préoccupés par des besoins vitaux (se loger, se nourrir, se protéger,...).


Un effondrement monétaire de la zone euro, aurait des conséquences politiques insoupçonnées.


La démocratie est quelque chose de fragile, et la monnaie est le symbole de nos valeurs collectives.


Si la confiance dans la monnaie était rompue, la démocratie serait touchée en plein cœur.


Toucher à l'institution monétaire en la déréglant toujours plus est dangereux.


Sur ce point, M. Dufrêne, est en phase page 194.


L'histoire monétaire nous apprend ainsi que si une communauté perd confiance dans sa monnaie, alors même le cours forcé de celle-ci ne peut rien y changer.

La monnaie écologique consiste à jouer à l'apprenti sorcier.


Le monnaie ne devrait être ni une monnaie insignifiante (comme aujourd'hui avec le capitalisme financier), ni une monnaie volontaire. Une bonne monnaie devrait uniquement être un bon intermédiaire des échanges, et une bonne réserve de valeur.


La fonction d'unité de compte (numéraire) étant celle la moins importante.


Pour qu'une monnaie dispose d'une bonne réserve de valeur, je ne connais que trois solutions.

  • une concurrence des monnaies (dans le lot il y aura sans doute des bonnes monnaies, c'est à dire stables en terme de pouvoir d'achats. Les mauvaises monnaies disparaitraient par manque de clients)


  • une monnaie limitée (la valeur du stock augmentera en fonction de l'augmentation des échanges et de la création de richesse). C'est bitcoin par exemple.


  • une monnaie avec une émission très faible, constante et perpétuelle (cette solution comporte assez peu d'intérêts par rapport aux deux autres, d'autant plus qu'elle ne solutionne pas le problème de la production éthique de la monnaie. Comment distribuer éthiquement l'émission monétaire ?)


La "monnaie écologique" avec des dons monétaires de plusieurs dizaines (voire centaines) de milliards d'euros chaque année, ne pourra pas être une monnaie stable.


C'est impossible, si on prend le temps de comprendre comment fonctionne véritablement une monnaie. C'est un mensonge. Toute politique monétaire active est une illusion comme nous l'avons vu plus haut.


Et l'illusion ne s'arrête pas là dans le projet de M. Dufrêne et l'institut Rousseau.


Après l'illusionnisme, les auteurs penchent dans le religieux, page 168.


La banque centrale pourrait également sacrifier une partie de son actif pour ses débiteurs que sont les Etats. Il s'agirait presque d'un "geste divin", pour nous tous

Personnellement, l'utilisation d'un vocabulaire proche de la religion dans le domaine monétaire ne m'a jamais étonnée, c'est même tout à fait normal, car le "fait monétaire" au même titre que le "fait religieux", est une croyance ou une foi sociale.


Ce qui m'étonne, c'est que très souvent, les opposants à bitcoin, font le reproche aux bitcoiners d'être des croyants, de prêcher la bonne parole, et d'être en adoration devant la divinité bitcoin.


Ce petit passage remet donc l'église au centre du village.


Cette critique n'a donc pas lieu d'être vis à vis des bitcoiners.


Nous arrivons bientôt à la fin du livre, et vous l'avez compris je ne suis pas du tout convaincu par cette idée de monnaie écologique.


Heureusement, M. Dufrêne propose une possibilité de retour en arrière en cas d'échec de cette expérience si bien sûr elle devait avoir lieu, page 223.


En outre, si jamais des risques inflationnistes se manifestaient et que cela posait un grave problème pour l'économie, il n'y aurait qu'à réduire ou arrêter le programme d'injection de monnaie libre

Cela fait 50 ans, voire un siècle (depuis la création de la FED), que nous vivons dans un système monétaire fortement inflationniste, avec des graves problèmes pour l'économie et l'égalité dans nos sociétés occidentales, mais pour autant nulle question de procéder à un retour en arrière vers un système monétaire corrélé sur un étalon marchandise.


Cela me fait penser, que si ça tournait encore plus mal (pour les citoyens), les Etats n'arrêteraient aucunement l'expérience.


Ce sont des systèmes monétaires lentement conçus dans l'histoire pour servir en priorité l'Etat et une minorité d'agents économiques, qui disposent d'un accès direct au robinet des liquidités. Il n'y a aucune raison de penser que la monnaie écologique qui s'appuie totalement sur le système actuel, ne finira par être elle aussi viciée, par les mêmes forces puissantes qui ont tordu le système monétaire actuel.


De toute façon, cette solution de monnaie volontaire est mal calibrée.


Elle est insuffisante car la transition écologique ne se résume pas à l'UE qui représente 11% des émissions de carbone dans le monde.


C'est voir le problème climatique par le petit bout de la lorgnette.


La lutte contre le réchauffement climatique nécessite un changement majeur de version de logiciel, voire une réécriture complète.


Avant de s'aventurer vers des nouveaux concepts monétaires, il faudrait d'abord réfléchir à la refondation de l'économie et des modes de production.


La monnaie écologique veut poser des rustines sur une économie qui n'est plus adaptée aux enjeux de notre époque et futurs.


Quel modèle économique et politique voulons nous collectivement ?


Et, une fois que nous aurons répondu à cette question cruciale, créons la monnaie adaptée à cette nouvelle économie du futur.


Une monnaie n'est jamais neutre, elle porte un projet.


Le bitcoin est cette monnaie, si le projet est le libéralisme.


La monnaie écologique est cette monnaie, si le projet est le socialisme ou le communisme.


Avec les technologies popularisées par bitcoin vous pouvez désormais créer une ou des monnaies sur-mesure.


Ce dont je suis sûr c'est que la proposition de monnaie écologique ne prend pas le problème dans son ensemble.


C'est une réponse étriquée, dangereuse, trompeuse sur certains points (inflation), et dogmatique (dans la vie tout ne se règle pas avec plus d'argent magique).


Un tel investissement massif ne peut avoir lieu qu'après une réflexion globale, puis une refonte des soubassements de notre économie.


Cette économie du futur doit être plus humaine, plus entrepreneuriale (moins oligopolistique), plus sociale, plus coopérative, plus verte, plus décentralisée (plus locale), plus inclusive, moins financière, moins intégrée (verticalement), moins mondialisée, moins cartellisée (privé-public), moins inégalitaire,...


Après un coup de barre vers la mondialisation et la financiarisation à l'extrême depuis 40 ans, il est grand temps de changer la trajectoire du paquebot Europe, voire même du monde Occidental.


Je le répète, la monnaie écologique est une fuite en avant, et un modèle dépassé digne du XX ième siècle.


Grâce à bitcoin, le grand public (encore une minorité mais ça augmente de jour en jour) s'intéresse désormais à la monnaie et aux désordres monétaires du système dominant, et je ne doute plus qu'il ferait barrage à cette idée de monnaie écologique, si un tant soi peu elle venait à germer dans la tête de nos véritables dirigeants élus.


Pour terminer, ce nom de "monnaie écologique" me dérange fortement.


Les Etats ont déjà capturé le bien commun qu'était la monnaie naturelle, avec les externalités négatives que nous connaissons (inflation, crise, dette, guerre, inégalités,...).


La monnaie est devenue du papier non écologique.


Cette potentielle capture de l'écologie qui est également un bien commun, par l'Etat, n'augure rien de bon.


Au lieu d'une monnaie artificielle écologique, je préfèrerais voir l'avènement d'une véritable monnaie naturelle, élue par les citoyens.


Une monnaie écologique risque de "dénaturer" un peu plus le système monétaire actuel.


Si la plupart du temps, les auteurs de ce livre font les mêmes constats que les bitcoiners sur les problèmes du système monétaire actuel, parfois ils font preuve d'indulgence, ou d'ignorance, ou d'amnésie.


Comme page 231.


la BCE a créé entre 2015 et 2028, plus de 2600 milliards d'euros de liquidités à destination des banques et des grandes entreprises sans réussir à faire redécoller l'inflation sous-jacente au delà de 1% en 2018. Cela tient, nous l'avons rappelé tout au long de cet ouvrage, à l'écran constitué par les banques entre la Banque centrale et les acteurs économiques "réels".

Rappelons dans un premier temps, que calculer une inflation c'est une illusion théorique, car personne ne consomme le même panier de biens et services.


En outre, ce calcul de l'inflation exclu certaines dépenses contraintes.


Il est vrai que de 2002 (création de l'euro de détail) à 2020, l'inflation des produits de biens de consommation a été en dessous des objectifs de 2% fixés à la BCE.


Mais dans le même temps, il y a eut une très forte inflation de l'immobilier par exemple.


Comme une image vaut mieux que mille mots, voici la courbe de Friggit, qui démontre bien que la création de l'euro a considérablement augmenté la dépense contrainte pour se loger chez les ménages français.




Lors d'un échange avec M. Dufrêne sur Linkedin, j'avais émis l'idée, que la monnaie écologique pourrait signifier la soviétisation de l'économie, à cause de l'étatisation de la politique monétaire.


Il m'avait répondu que je caricaturais.


Je lui accorde bien volonté le fait que j'accentuais un peu le trait, comme parfois il peu caricaturer bitcoin ou l'écosystème crypto.


Mais le risque de soviétisation n'est pas nul, il existe réellement.


D'ailleurs, étonnamment, M. Dufrêne perçoit lui aussi ce risque, page 236.


En outre, il ne faudrait pas réitérer les erreurs de la Gosbank, banque unique de l'URSS, dont la dépendance absolue au pouvoir politique conduisait à des crises hyperinflationnistes régulières.

Si sur la caricature de risque de soviétisation de l'économie nous sommes finalement d'accord, alors je vais me permettre d'en faire une seconde.


La monnaie écologique c'est l'amorce d'un "socialisme de marché".


Cela ne vous dit rien peut-être cette belle expression "socialisme de marché" ?


C'est le résultat de l'addition "Capitalisme" + "Autocratie".


Alors que la soviétisation c'est le résultat de l'addition "Communisme" + "Autocratie".


Le "socialisme de marché" c'est le doux nom pour le modèle économique et politique Chinois.


Dans le dernier chapitre, les auteurs du livre, fond état d'un (très gros) problème dans leur concept.


Tout au long de l'ouvrage, ils expliquent leur idée de monnaie écologique dans une économie fermée.


C'est à dire une bulle sans importations-exportations en dehors de la zone euro.


Le problème le voici :


Le premier point est que la véritable limite à une politique monétaire expansionniste* n'est pas l'inflation interne mais la contrainte extérieur, qui se matérialise par le taux de change de la monnaie, et qui peut, en cas de crise du change, se traduire par une hyperinflation importée.

*autre nom pour qualifier la monnaie écologique visiblement


Déjà, vous remarquerez que l'extérieur de l'Europe est devenu une "contrainte" dans leur concept très théorique.


En effet, en dehors de l'Europe, l'argent bisounours ne serait pas apprécié.


Comment ça, l'Amérique et l'Asie, n'aimeraient pas nos jetons en plastique et nos billets de Monopoly ?


A ce moment, je me dis, ouf, ils sont allé au bout de leur brainstorming, et après 239 pages, ils se rendent compte que leur idée ne tient pas la route.


Et bien pas du tout !


Les illusionnistes de l'argent magique vont sortir un lapin du chapeau.


Tenez-vous bien, Mesdames et Messieurs, car le nouveau tour de passe passe est digne de David Copperfield.


Voilà le lapin, page 244.


Un deuxième type de réponse possible est de restreindre la liberté de circulation des capitaux spéculatifs à l'échelle mondiale.

Et, y'a même un second lapin dans le chapeau (très gros lapin celui là), page 245.


Dans l'époque contemporaine, la Chine a par exemple adopté un mécanisme de convertibilité limitée de sa monnaie qui doit passer par la banque centrale ou par le réseau de banques publiques, ce qui lui permet de contrôler d'autant plus efficacement son taux de change qu'elle dispose par ailleurs d'énormes réserves de change.
[...]
une telle réflexion n'aurait rien d'anormal
[...]
prévoir une limitation des flux de capitaux spéculatifs par la voie législative.

Ils proposent d'instaurer le "contrôle des capitaux" comme en Chine, pour que le concept de monnaie écologique tienne la route...fallait vraiment oser !


Hayek avait raison quand il disait que la centralisation et trop d'Etat c'était la route de la servitude. On en voit déjà les prémices.


Rappelons que la monnaie appartient à la communauté elle-même, car c'est cette même communauté via la croyance sociale, qui fait la valeur de la monnaie. Que je sache, les démocraties occidentales ne sont pas propriétaires de leurs citoyens. Donc, elles ne sont pas davantage propriétaires de la monnaie.


Aristote, de nombreux autres philosophes politiques, et des théoriciens de la monnaie (Oresme, Mises,...) ont donné à ce type de régime le nom de tyrannie.


La "monnaie écologique" tombe le masque, et devient donc potentiellement "monnaie tyrannique".


C'est quand je suis arrivé à ce chapitre, que je me suis dit qu'il fallait que j'écrive un article sur ce livre, car il fallait "debunked" ce concept dangereux, bien emballé dans un beau papier cadeau écologique.


J'avais très envie de faire cette critique pour répondre sur le fond surtout, car M. Dufrêne critique bitcoin et les bitcoiners, sans vraiment nous parler de sa proposition.


J'ai compris pourquoi en lisant son ouvrage.


La monnaie écologique est aux antipodes de la monnaie libre, neutre et ouverte qu'est bitcoin, et n'offre rien de très nouveau et de bon pour les citoyens.


La monnaie écologique aura très certainement des supporters chez certains politiques soucieux de ne pas trop compter le coût de leurs promesses. Il est vrai que le dogme budgétaire n'est plus une valeur tendance. C'est la suite logique des politiques monétaires de type keynésienne.


La monnaie écologique surfe habilement sur les politiques monétaires non conventionnelles, qui sont les conséquences de la crise de 2008.


La proposition de bitcoin est à mes yeux bien supérieure. Certains pensent qu'il s'agit d'un fantasme révolutionnaire. Peut-être, c'est vrai.


Mais comme je le répète souvent :


il n'y a rien de mieux qu'un rêve pour créer le futur (Victor Hugo)
bottom of page